Royales

Je suis un peu allergique aux dystopies, après une période où j’en ai lu tellement que j’ai été dégoûtée du genre. Pourtant, lorsque je suis tombée dessus, le résumé de « Royales » m’a tout de suite intriguée. J’ai toujours été intéressée la royauté, et cette idée de 16 clones utilisés pour interpréter une seule princesse parfaite m’a beaucoup interpellée. Pourtant, n’étant pas fan du genre, j’ai décidé de télécharger un extrait gratuit du roman pour voir s’il me plaisait avant de me le procurer. Cet extrait m’a tellement happée que j’ai aussitôt téléchargé le roman sur Netgalley et je l’ai lu dans la foulée! Bref, « Royales » est une lecture qui me sort un peu de mes cadres habituels (même si cela reste du Young Adult) et je l’ai tout simplement adorée. Critique.

Merci à Hachette et à Netgalley pour cette lecture. 

L’histoire

Margaret est la princesse parfaite, adorée de tous les Anglais. Généreuse, intelligente, polyglotte, cavalière émérite, menant de front des études de littérature, de politique et d’histoire par correspondance…
Son secret  ?
Margaret n’existe pas vraiment. Elles sont seize. Seize sœurs.
Seize clones, éduquées à la perfection, créées pour faire rêver un royaume.
Mais les temps ont changé… Sur seize clones, il ne devra rester qu’une princesse.  

Mon avis 

Si je n’aime pas trop les dystopies, c’est parce que j’ai du mal avec la littérature de l’imaginaire en général. Lorsque les auteurs nous plongent dans de nouveaux mondes inventés de toutes pièces, j’ai parfois du mal à m’y repérer et à apprécier l’histoire à sa juste valeur. C’est pourquoi je préfère les romans contemporains, qui se déroulent dans un univers rationnel et proche du mien. Bref, si j’ai pu apprécier « Royales », c’est parce que l’univers n’est pas si différent du nôtre, même si le clonage y est devenu possible. On peut aisément s’identifier aux personnages et les comprendre. L’histoire se situe dans un futur proche où, à la suite de plusieurs guerres, l’Angleterre est devenue la première puissance mondiale. Pour faire rêver une population pour laquelle les différences sociales se sont accrues (et la maintenir dans la soumission), la monarchie est très scrutée et est érigée en exemple. Par mesure de sécurité (et pour tout contrôler), la reine Victoria II a décidé de cloner sa petite-fille, la princesse Margaret, qui existe en réalité en 16 exemplaires, planqués dans un bunker et sortant à la surface à tour de rôle, en fonction de leurs spécialités. Jusqu’au jour où tout bascule…

Cette histoire plus qu’originale ne manque pas d’intérêt et nous plonge dans un univers dystopique réellement intéressant et bien construit, même s’il reste réaliste (la condition pour que j’y accroche!). La narratrice est Margaret-May, l’une des 16 clones dont la spécialité est la littérature. Je me suis particulièrement attachée à ce personnage, une jeune fille intègre, droite et loyale, malgré les conditions dans lesquelles elle doit mener son existence. Lorsque la compétition est engagée, elle n’aura de cesse de tenter de trouver une solution pour que les 16 princesses puissent continuer à coexister. Y arrivera-t-elle? Suspense, mais en tout cas, elle ne manquera pas de courage. Sur ses pas, nous découvrons une monarchie fascinante d’hypocrisie, car il s’agit d’un univers en carton pâte où tout doit être parfait et où personne ne doit sortir du rang. Ce thème, très bien abordé, m’a poussé à m’interroger sur le statut des personnages publics aujourd’hui, qu’il s’agisse des acteurs/chanteurs célèbres ou encore des membres du gotha, souvent soumis à une pression considérable pour montrer une image idéale à leur public en toutes circonstances. Cela s’est encore aggravé à l’heure des réseaux sociaux. L’auteure s’intéresse particulièrement aux dérives de la monarchie d’Angleterre et si la réalité est bien moins atroce que dans son roman, il est vrai que les princes sont scrutés à outrance, comme l’a montré le tragique accident de Lady Di, presque tuée par les paparazzis. Bref, ce roman, sous ses airs de divertissement, nous interroge vraiment sur la notion de liberté. 

L’auteure, Camille Versi, est une jeune révélation venue de Wattpad dont c’est le premier roman publié de façon traditionnelle. J’avoue que je crains parfois un peu l’étiquette Wattpad, qui témoigne plus d’un phénomène de mode que d’un roman de qualité. Mais Camille Versi a su me réconcilier avec les auteurs venus de ce réseau ! Son écriture est totalement fluide et addictive, je pense d’ailleurs qu’elle a un bel avenir devant elle. Puisqu’elle vient de ce réseau où les histoires sont ajoutées par petits morceaux jour après jour, elle sait comment maintenir l’intérêt de chapitre en chapitre et multiplie les rebondissements qui nous donnent envie de nous jeter sur la suite. J’ai dévoré ce roman en un rien de temps et j’ai beaucoup aimé la tension qui s’installait progressivement au fur et à mesure des découvertes troubles de May et des manipulations de la reine. En outre, elle réussit la prouesse de créer des personnalités bien distinctes et une vraie profondeur psychologique à 16 soeurs. En effet, tout n’est pas centré sur la narratrice May : chacune des soeurs a sa propre histoire et ses propres problèmes, qui m’ont aussi beaucoup intéressée. Selon leurs caractères, on les aime ou on les déteste, mais en tout cas, elles ne passent jamais inaperçues et ne sont pas reléguées au rang de simples personnages secondaires!

Si j’ai énormément apprécié ma lecture, j’ai quand même quelques petits bémols. Les romances prennent un peu trop le pas sur l’intrigue (il y en a plusieurs, puisque plusieurs clones ont les leurs). J’aime énormément lire des romances, mais j’ai été un peu déçue d’en retrouver tant ici, car ce n’était pas le but initial de l’histoire, qui perd alors un peu de sa force et de son caractère interpeller pour verser dans la bluette. De plus, la résolution finale me semble un peu trop simple et évidente : c’est comme si, après 350 pages de problèmes insurmontables et de dilemmes impossibles, tout se réglait d’un coup bien trop facilement! J’aurais aimé que le dénouement soit amené de façon plus lente et subtile. C’est un peu comme si l’auteure avait voulu boucler en quelques chapitres les différentes intrigues qu’elle avait mis tout un roman à installer.

En résumé 

Avec « Royales », Camille Versi nous plonge dans un univers dystopique bien construit, tout en restant suffisamment crédible et assez proche du nôtre pour que l’on y adhère sans soucis. Elle imagine en effet un futur proche où la monarchie anglaise est plus scrutée que jamais. La reine décide donc de cloner sa petite-fille : aux yeux de tous, il n’y a qu’une seule princesse Margaret incroyablement parfaite, mais en réalité, elles sont 16 clones planquées dans un bunker, chacune développant une spécialité pour briller en toutes circonstances. Ce sujet interpellant m’a poussé à m’interroger sur le statut des personnages publics aujourd’hui et sur la notion de liberté. Camille Versi m’a en tout cas bien réconcilié avec les auteurs Wattpad, puisqu’elle nous livre une histoire totalement addictive, pleine de rebondissements à chaque chapitre, et remplie de personnages réellement attachants, qui ont chacun une vraie profondeur psychologique, à commencer par la narratrice May, l’une des clones, qui ne manquera pas de courage et d’intégrité tout au long de son immersion dans une monarchie trouble. Les seuls bémols pour moi sont les romances, qui prennent trop le pas sur l’intrigue, et le dénouement, qui semble trop simple et évident. Bref, cette lecture passionnante m’a sorti de mes habitudes et je ne peux que vous la recommander !

Royales, par Camille Versi, aux éditions Hachette (2018), 16 euros 90. 

4 commentaires sur “Royales

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  1. Je ne m’étais pas spécialement attardée sur ce roman pour des raisons très superficielles j’avoue: la couverture ne me disait rien qui vaille…maiiiis après avoir lu ton avis, j’ai changé d’avis et je place ce livre dans ma WL!^^ Il a l’air très sympa et le sujet a l’air très intéressant!

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